Sans Commentaires
Écrire un texte sur la peinture de Nioré relève de la gageure.
En effet Nioré est un peintre qui se méfie des mots. D’ailleurs, il parle peu, il est persuadé que la peinture ne peut être résumée en formules définitives, mise en équations d’algébristes plus ou moins freudiens, et que nombre d’artistes contemporains cachent leur impuissance derrière une logorrhée « impénétrable ».
« Plus il y a de texte, moins il y a de peinture ! » dit-il souvent.
Et il ajoute en s’en amusant la phrase de Victor Hugo : « Défense de déposer de la musique au pied de mes vers ! » Donc l’éventuel commentateur est désemparé, coincé, frustré. Il peut en désespoir de cause, décrire la technique utilisée : de fines couches superposées de peinture acrylique, largement brossées, faisant jouer subtilement les transparences sur des fonds préparés ( à matière ou non ) … puis, choisir ses mots les moins longs, affûter ses phrases les plus simples, pour dire que cette peinture si évidente cache soigneusement une grande complexité, qu’elle parle parfois de l’homme et de son incertaine place dans l’univers avec tendresse….voire même humour. Mais qu’elle se laisse aller toujours à la jouissance suprême : la peinture pour la Peinture !
Alexandre Blacas